Presse et écrits clandestins

A British motorcycle dispatch rider takes a message in a Belgian village on 16 October 1914

A l’improviste, on donna lecture d’une trentaine d’hommes qui devaient aller au bain le lendemain sans qu’il fût question de désinfection. Mais chacun avait vu arriver la machine à vapeur (…). Ils [les hommes] se tenaient pendant deux ou trois heures groupés ensemble dans leur costume primitif (…).

Ceux qui avaient pensé à apporter des sabots pouvaient au moins abriter leurs pieds , et ceux qui avaient trouvé le moyen de cacher un essuie-main, pouvaient se le mettre à la ceinture. (…) Beaucoup d’hommes qui étaient venus avec un bon pantalon, s’en allaient avec un pantalon usé et rapiécé.

 

 

DEPORTE POUR SES ECRITS. Victor DL est né à Maldegem le 2 novembre 1863. Il est marié avec Octavie D. Journaliste, écrivain et homme politique, il est arrêté en décembre 1914 par les autorités allemandes pour ses écrits dans le journal Getrouwe Maldegem. Victor  est envoyé au camp de Holzminden et revient en Belgique le 2 décembre 1918, après avoir été extradé vers la Suisse deux ans plus tôt.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PRESSE CLANDESTINE. Théodore J. est né à Bruxelles le 9 mai 1878. En 1898, il épouse Angèle V. Ils sont domiciliés à Saint-Gilles et ont quatre enfants. Théodore est garçon de café chez Hulstkamp dans la Galerie de la Reine. En 1916, Théodore est interné par les Allemands comme prisonnier politique. Il décédera à 42 ans, peu après la guerre, laissant sa veuve sans ressource avec quatre enfants.

Dès le début de la guerre, Théodore distribue des journaux clandestins belges, français et anglais dans la Galerie de la Reine à Bruxelles. Plus tard, il distribue la Libre Belgique. Il organise un service de courriers pour le front, entre la Belgique, la France et l’Angleterre.

 

Immédiatement après l'entrée des Allemands à Bruxelles, mon mari s'est mis en devoir de faire la propagation des journaux et prohibés belges français et anglais, et cela par pur patriotisme.

 

 

 

Le 19 juin 1916, Théodore est arrêté alors qu’il travaille au café, devant tous les clients. Il est interné à la prison de Saint-Gilles du 16 juin au 17 juillet 1916. Libéré, il est très affaibli par sa détention et meurt des conséquences médicales de sa détention.

 

 

 

 

ESPIONNE DES 1915. Marie A. est née le 18 décembre 1884 à Anderlecht. Elle a trois enfants nés en 1917, 1919 et 1921. Son mari, Pierre, décède tragiquement pendant la guerre en France. En juillet 1915, Marie est arrêtée et internée à la prison de Gand pour espionnage.

 

 

 

Un jour, (…) je fus signalée et pincée comme espionne. C’était aux iles philippines [café à Bruxelles, ndlr] dans une petite maisonnette, tenue par un bossu appelé « Jefque ». J’avais déposé mon châle sur le lit et avais fait adroitement tomber les lettres derrière le lit. Lors de mon arrestation, les boches n’ont pas songé un instant à regarder derrière le lit.

Ce brave « Jefque » a caché les lettres dans son jardin. Je les ai retrouvées (…) lorsque j’ai recommencé mon trafic. (…). N’ayant rien découvert [les geôliers], ils m’ont condamnée à 13 jours de prison (…) plus les deux jours de torture qu’ils m’avaient fait subir.

— Marie A.

 

Marie fait du trafic de courrier pour le front via la Hollande. En 1915, elle est dénoncée et arrêtée comme espionne par les Allemands. Lors de son arrestation, elle parvient à cacher les lettres et les retrouvera après sa détention.

Marie est maltraitée par ses geôliers durant les quinze jours où elle séjourne à la prison de Gand.

Incapable de travailler à sa sortie, elle fait appel au bureau de bienfaisance d’Anderlecht et peut bénéficier de rations alimentaires.

 

 

 

 

 

 

Je suis parvenu à remettre à destination environ 15.000 lettres (…) depuis le début de la guerre jusqu’à mon arrestation.

 

 

PRIS SUR LE FAIT. Henri V. est domicilié à Saint-Gilles. Il est né à Bruxelles le 2 septembre 1878. Célibataire, il est électricien. Il est arrêté par les Allemands en 1917 pour trafic de courriers à destination des soldats alliés et vente de journaux clandestins.

Henri V. distribue régulièrement du courrier clandestin entre les frontières hollandaises, Bruxelles, Tournai et Lille. Le 1er janvier 1915, il est arrêté à Lille par les Allemands au moment où il remettait une pile de courriers en lieu sûr, destinée à la maison Solvay.

 

Jugé par le Conseil de Guerre allemand, il refuse de parler et  ne dénonce personne. Il prétend qu’il cherche du travail. Il est condamné à six mois de prison et transféré à la prison de Lille. Pendant sa détention, il est obligé de travailler.

RESISTANT A TOUT PRIX. Henri est libéré le 15 juillet 1915. De retour à Bruxelles, il doit se présenter aux autorités allemandes régulièrement. Malgré tout, il continue ses activités de résistance et aide de jeunes gens à passer la frontière. Il est décoré de la médaille civique 1914-1918.

 

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